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En décembre 2024, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a publié une étude approfondie sur les malaises mortels au travail, en s'appuyant sur les données de la base nationale EPICEA. Cette analyse qualitative vise à mieux comprendre les causes de ces incidents et à proposer des axes de prévention.
Cette étude réalisée à partir des données collectées dans la base nationale EPICEA, vise à mieux qualifier ces malaises, comprendre et identifier leurs causes afin d’améliorer leur prévention en entreprise.
En 2021, 645 accidents de travail mortels ont été enregistrés dans les entreprises relevant du régime général de la Sécurité sociale. 56 % d’entre eux sont qualifiés de malaises mortels. Ces derniers sont définis comme des décès survenus sur le lieu de travail ou à l’occasion du travail, sans cause externe identifiée (chute, choc, intoxication ou électrocution…). Ces chiffres rendent nécessaire une meilleure prévention de ces malaises mortels en entreprise.
L’Institut a décidé d’aborder la question sous un angle qualitatif, en exploitant les récits d’accidents et recommandations de prévention associées, disponibles dans la base de données EPICEA (Étude de prévention par l’informatisation des comptes rendus d’accidents).
Alimentée par les services prévention des Caisses régionales (Carsat/Cramif/CGSS) de l’Assurance maladie – Risques professionnels, la base EPICEA regroupe, à ce jour, plus de 26 000 accidents du travail graves, mortels ou plus particulièrement intéressants pour la prévention, décrits chacun au moyen de 81 variables et d’un récit anonymisé.
Comme tous les accidents mortels n’y sont pas systématiquement enregistrés, cela rend difficile une exploitation purement quantitative. Cependant, le grand nombre de cas répertoriés confère à cette base une représentativité certaine.
Principaux constats
L'étude menée par l'INRS met en lumière des tendances préoccupantes concernant les malaises mortels au travail, en identifiant les principales causes, les circonstances de survenue et les facteurs aggravants de ces accidents.
• Prévalence des malaises mortels : Les malaises mortels, principalement des morts subites de l'adulte causées par des infarctus du myocarde, représentent actuellement un peu plus de la moitié des accidents du travail mortels. 93 % des victimes de malaises mortels en milieu professionnel sont des hommes. L’âge médian de survenue du décès est de 51 ans.
Les 3 métiers les plus représentés sont ceux de conducteurs de poids lourds et de camions (près de 20 % des cas), professionnels qualifiés du bâtiment (gros œuvre) et assimilés, électriciens du bâtiment et assimilés.
• Circonstances de survenue : Dans trois cas sur quatre, la victime se trouvait seule au moment du malaise, retardant ainsi l'alerte et l'intervention des secours.
• Facteurs aggravants : l’exposition des salariés à de nombreux facteurs de risques professionnels (risques psychosociaux (RPS), horaires atypiques, postures sédentaires, ambiances thermiques, polyexposition froid-bruit, risque chimique…) peut favoriser, à court, moyen ou long terme, la survenue de maladies coronariennes.
Qui peut en bénéficier ?
Agir sur les facteurs de risques professionnels associés aux maladies coronariennes
Préconisations : évaluer les risques professionnels et mettre en place les actions de prévention. Et notamment, analyser plus précisément certains types de risques auxquels sont exposés les salariés, mécaniser certaines tâches …
Amélioration de l'organisation des secours en entreprise
• Sensibiliser les salariés et former des sauveteurs secouristes du travail pour une réaction rapide en cas de malaise (alerte des secours, gestes de premiers secours tels que le massage cardiaque).
• Organiser efficacement les premiers secours et adapter le matériel de secours disponible dans l'entreprise.
Suivi individuel de l'état de santé des travailleurs
• Assurer un suivi régulier des salariés par les services de prévention et de santé au travail.
• Profiter des visites de mi-carrière pour évaluer le risque cardiovasculaire des salariés et l'impact des contraintes professionnelles sur leur santé.
L'INRS prévoit de poursuivre l'analyse des malaises mortels survenant au travail. Depuis 2023, l'enregistrement de ce type d'accidents est devenu systématique dans la base EPICEA, permettant une meilleure compréhension et prévention de ces incidents.
Pour en savoir plus
INRS revue Références en santé au travail : « Malaises mortels au travail : apports de la base EPICEA » , numéro 180 - décembre 2024
Publié le 3 février 2025
Source : Institut national de recherche et de sécurité (INRS)
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