
Les mains, dont l’usage est inhérent à tout travail, sont souvent mises à rude épreuve et subissent de nombreuses agressions: coupures, brûlures (à la chaleur, aux produits chimiques), piqûres, déchirures, décharges électriques, chocs, écrasements, allergies etc... La main est le premier outil de l’homme, indispensable mais fragile, soumise à une multitude de risques au travail.
L’absence de protection ou la négligence dans le choix d’un équipement adapté entraîne dans bien des cas des dommages pouvant être graves voire irréversibles (27% des causes des accidents du travail soit le taux le plus élevé par rapport au reste des parties du corps). Pour se protéger et diminuer sensiblement les risques, il est impératif d’utiliser des gants adaptés à des risques pouvant être très variés et répondant à des normes de référence.
Les principaux risques :
- Mécaniques : abrasions, coupures par tranchage, déchirures, perforations, piqûres.
- Electriques : décharges électrostatiques, avec conducteur sous tension, conductivité.
- Chimiques et micro-biologiques : pénétration de produits chimiques liquides ou poussières, perméation de produits chimiques.
- Thermiques : froid, chaleur, feu, projections de métaux en fusion.
- Biologiques : allergies, irritations, développement de germes pathogènes.
- Liés aux rayonnements : radioactivité, radiation ionisante.
- Liés à la forte répétitivité des gestes.
- Liés aux mouvements prolongés d’extension du poignet ou de préhension de la main.
- Liés à l’exposition aux vibrations mécaniques.
Situations à risques :
- Manipulation de produits toxiques, caustiques, irritants ou infectieux (maçonnerie, peinture, laboratoires, nettoyage, établissements hospitaliers …)
- Travaux de soudage ou découpage des métaux
- Travaux forestiers et espaces verts (jardinage, horticulture …)
- Collecte d’ordures ménagères, traitement des déchets
- Manipulations d’objets ou matériaux tranchants, coupants, piquants, brûlants, rugueux
- Travaux exposant à la chaleur ou au froid (fours, chambres frigorifiques…)
- Travaux électriques
- Poste de travail soumis aux vibrations de machines ou d’outils
- Poste de travail avec hyperextension du poignet, ou préhension serrée, ou compression par appui sur le talon de la main (claviers …)
Conséquences traumatiques et pathologiques :
La main comporte la peau et sa structure sous-jacente et de multiples os, articulations, tendons, ligaments et vaisseaux qui peuvent tous être le siège d’une lésion.
- Plaies cutanées : Les mains, instruments de préhension et d'exploration en interaction constante avec l'environnement, sont exposées à des nuisances cutanées multiples et extrêmement variées : coupures, lacérations, ecchymoses, brulures
- Plaies des nerfs digitaux, des articulations, des tendons et des gaines des tendons fléchisseurs
- Déchaussements des ongles
- Ecrasements, arrachements ou sections des doigts
- Phlegmons, panaris suite à envenimation de piqûres ou morsures septiques
- Troubles musculo-squelettiques liés au travail dont les plus fréquents sont :
- le syndrome du canal carpien : il s'agit d'une compression du nerf médian sous le ligament carpien palmaire situé à la face antérieure du poignet. Cette compression est responsable de fourmillements dans le territoire du nerf pouvant aller jusqu'à la perte de force.
- la maladie de Quervain, affection douloureuse des tendons à la base du pouce
- le syndrome de Raynaud ou « doigt blanc », trouble de la circulation sanguine dans les doigts qui prennent un aspect pâle, cireux ou bleuté, provoqué en particulier par des vibrations du système main-bras (outils mécaniques portatifs, marteaux piqueurs….) et qui est aggravé par le froid. - Allergies : de nombreux produits pouvant être allergisants provoquent des eczémas des mains (maçons allergiques au ciment, coiffeurs allergiques au produits de colorations capillaires par exemple) L'eczéma des mains est le plus fréquent et probablement le plus difficile des eczémas professionnels à traiter et prévenir.
Les différents types de gants de protection
Le port de gants permet :
- de protéger de toutes les agressions mécaniques ou chimiques
- de limiter le contact avec des agents allergisants ou infectieux et leur portage.
Les exigences générales des gants de protection sont définies par la norme EN 420. Ensuite, à chaque risque correspond une norme dont les principales sont :
- EN 388 : risques mécaniques
- EN 374 : risques chimiques et microbiologiques
- EN 407 : risques thermiques
Il n’existe pas de gant universel. Le choix des gants est spécifique de chaque type de tâche et sur les étiquettes des gants, des pictogrammes et des indications de risque renseignent l’utilisateur sur les caractéristiques techniques des gants en fonction de leur utilisation.
Ainsi, chaque gant devra être adapté au travail à effectuer. Avant toute manipulation, il convient de vérifier la compatibilité entre les substances utilisées et les matériaux constitutifs des gants.
![]() |
Pictogramme : Protection obligatoire des mains |
Les différents types d’utilisation
- Les gants de propreté
- Les gants de dextérité
- Les gants de manutention
- Les gants de protection thermique
- Les gants antidérapants
- Les gants anti-coupures
- Les gants chimiques
- Les gants de ménage
- Les gants alimentaires
- Les gants à usage court (ou jetables)
Les différents matériaux de fabrication
- Les gants en cuir
- Les gants en coton : le coton est retardateur de flammes.
- Les gants en métal : Les gants en cotte de mailles métalliques soudées servent de protection contre les risques de coupures graves susceptibles de survenir dans les cuisines (désossement à l’aide de couteaux)
- Les gants en latex : surtout utilisé lors de manipulations de produits basiques ou non-agressifs.
- Les gants en néoprène : utilisés lors de la manipulation d’hydrocarbures et de solvants
- Les gants en vinyle : Bonne résistance chimique surtout contre les acides
- Les gants en nitrile : confort et sensations similaires au latex, tout en éliminant les risques allergiques (peintures, vernis …)
Les différents types de protection
Il existe différents types de gants suivant le type de protection et d’usage désirés.
- Gants de protection contre les risques minimes
- agressions mécaniques dont les effets sont superficiels (gants de jardinage, etc.)
action des produits d’entretien peu nocifs dont les effets sont facilement réversibles (gants de protection contre les solutions détergentes diluées, etc.)
- manipulation de pièces chaudes n’exposant pas à une température supérieure à 50° C, ni à des chocs dangereux
- conditions atmosphériques qui ne sont ni exceptionnelles ni extrêmes
- petits chocs et vibrations n’affectant pas les parties vitales du corps et qui ne peuvent pas provoquer des lésions irréversibles
- rayonnement solaire
- Gants de protection contre les risques mécaniques
Il existe un classement de performance des gants de protection aux caractéristiques mécaniques suivantes :
- 1 résistance à la perforation (4 niveaux)
- 2 résistance à l’abrasion (4 niveaux)
- 3 résistance à la coupure par tranchage (5 niveaux)
- 4 résistance à la déchirure (4 niveaux)
Les niveaux de performance sont classés dans un ordre croissant.
- Gants de protection pour l’utilisation de couteaux à main
(gants pour le travail de la viande)
- Gants de protection contre la chaleur et/ou le feu
Il existe un classement de performance pour les caractéristiques thermiques suivantes :
- 1 comportement au feu (4 niveaux)
- 2 chaleur de contact (4 niveaux)
- 1 chaleur convective (4 niveaux)
- x chaleur radiante (4 niveaux)
- 1 petites projections de métal fondu (4 niveaux)
- x grosses projections de métal en fusion (4 niveaux)
Les niveaux de performance sont classés dans un ordre croissant.
- Gants de protection pour soudeurs (voir notre dossier : « Equipements de Protection Individuelle du soudeur »)
- Gants de protection contre les produits chimiques
La résistance chimique des gants de protection est définie à partir des caractéristiques suivantes (les niveaux de performance sont classés dans un ordre croissant) :
- Etanchéité (3 niveaux)
- Résistance à la perméation (6 niveaux)
- Gants en matériaux isolants pour travaux électriques
Il existe 5 classes de gants de caractéristiques électriques différentes, fonction des tensions maximales d’utilisation.
Les Normes pour les gants de protection
La norme EN 388 s'applique à tous les types de gants de protection en ce qui concerne :
- les agressions physiques et mécaniques par abrasion, coupure par tranchage, perforation et déchirure. Cette norme ne s'applique pas aux gants anti-vibrations.
NIVEAU DE PERFORMANCE EXIGENCE
- Résistance à la perforation : force nécessaire pour percer l'échantillon avec un poinçon normalisé.
- Résistance à la déchirure : force nécessaire pour déchirer l'échantillon.
- Résistance à la coupure par lame : nombre de cycles nécessaires pour couper l'échantillon à une vitesse constante.
- Résistance à l'abrasion : nombre de cycles nécessaires pour détériorer l'échantillon à une vitesse constante.
La norme EN 374-2 concerne la détermination de la résistance à la pénétration
La pénétration est défi nie comme étant le passage d’un produit chimique (ou d’un micro-organisme) au travers d’un gant à l’échelle non moléculaire, par les coutures, les imperfections…
Les gants doivent être étanches lors des essais de fuite à l’air et de fuite à l’eau. Un gant conforme au minimum au niveau de 2 de l’essai de pénétration, est considéré comme résistant aux micro-organismes.
La norme EN 374-3 concerne la détermination de la résistance des matériaux
Ces gants protègent de la perméation par des produits chimiques non gazeux potentiellement dangereux en cas de contact continu. Par perméation on entend le mécanisme par lequel le produit chimique traverse le matériau d’un gant de protection à l’échelle moléculaire.
NIVEAU DE PERFORMANCE EXIGENCE
- Perméation : Indique le temps nécessaire à un produit dangereux pour traverser le film protecteur par perméation.
- Pénétration : Indique que le produit résiste ou non à la pénétration de l'eau et de l'air.
La norme EN 407 spécifie des méthodes d'essai, des exigences générales, des niveaux de performance thermique et le marquage des gants de protection contre la chaleur et/ou le feu.
Elle s'applique à tous les gants qui doivent protéger les mains contre la chaleur et/ou les flammes sous l'une ou plusieurs des formes suivantes : feu, chaleur de contact, chaleur convective, chaleur radiante, petites projections de métal fondu ou grosses projections de métaux en fusion.
NIVEAU DE PERFORMANCE EXIGENCE
- Résistance à d'importantes projections de métal en fusion : quantité de projections nécessaires pour provoquer la détérioration.
- Résistance à de petites projections de métal en fusion : quantité de projections nécessaires pour élever le gant à une certaine température.
- Résistance à la chaleur radiante : temps nécessaire à s'élever à un niveau de température donné.
- Résistance à la chaleur convective : temps pendant lequel le gant est capable de retarder le transfert de la chaleur d'une flamme.
- Résistance à la chaleur de contact : température (dans la gamme 100°C à 500°C) à laquelle celui qui porte les gants ne sentira aucune douleur (pour une période d'au moins 15 secondes).
- Résistance à l'inflammabilité : temps durant lequel le matériau reste enflammé et continue à se consumer après que la source d'ignition ait été supprimée.
La norme EN 511 définit les exigences et méthodes d'essai des gants de protection contre le froid transmis par convection ou conduction jusqu'à -50°C.
Ce froid peut être lié aux conditions climatiques ou à une activité industrielle.
NIVEAU DE PERFORMANCE EXIGENCE
- Imperméabilité à l'eau: indique qu'il y a ou non-pénétration au bout de 30 minutes.
- Résistance au froid de contact : indique qu'il y a ou non-pénétration au bout de 30 minutes.
- Résistance au froid convectif : indique qu'il y a ou non-pénétration au bout de 30 minutes.
La norme EN 12477 : Gants de protection pour soudeurs (voir notre dossier « Equipements de Protection Individuelle du soudeur »)
La norme EN 421 : Gant de protection contre les rayonnements ionisants et la contamination radioactive
La norme EN 60903 : Gants isolants pour travaux électriques
Hygiène des mains
Le port de gants ne remplace pas le lavage des mains et éventuellement leur protection dermique.
Il faut noter que le port prolongé de gants de protection, en particulier en période chaude et/ou humide, peut provoquer un phénomène de transpiration et/ ou d’allergie. Il est donc conseillé de retirer les gants de temps à autre pour laisser respirer les mains à l’air libre et de changer les gants sales ou usagés. Il est également conseillé à l’utilisateur de se laver les mains à l’eau claire, éventuellement avec un savon neutre, après chaque utilisation des gants. Utiliser les gants avec des mains sèches et propres.
Crèmes protectrices adaptées pour les mains
Dans le cas de contact temporaire et non prolongé avec un produit non caustique ou non irritant, l’usage d’une crème protectrice peut être envisagé : si le produit est soluble dans l’eau ou si le travail se fait en milieu aqueux, la crème sera hydrorésistante, si le produit est insoluble dans l’eau, la crème sera hydrosoluble.
Les lave-mains
- A l’hôpital ou en cuisine industrielle ou collective, le lave-mains à commande non manuelle est obligatoire Il existe plusieurs types de commandes non manuelles :
- Au genou ou fémorale. L'arrivée d'eau est déclenchée en appuyant sur une palette de commande ou sur une tige. Les palettes sont couramment utilisées car elles sont plus robustes.
- Au coude. Le système est le même que précédemment avec une tige située en hauteur.
- Electronique. L'arrivée d'eau est déclenchée par le passage des mains devant une cellule. Ce système est le plus pratique et fiable mais il faut disposer d'une alimentation électrique, par batterie ou sur secteur. La forme de la cuve peut varier : ronde, ovale, carrée… et dépend de la place disponible. Une cuve emboutie est conseillée, évitant le développement de micro-organismes au niveau des soudures.
Il existe par ailleurs également des distributeurs de savon ou solution désinfectante à commande non manuelle, faciles à installer, simples à utiliser. Une fenêtre de niveau permet de remplir le distributeur avant qu'il ne soit vide.
La réduction des risques de troubles musculo-squelettiques de la main
D’une manière générale, il faut prendre toutes les dispositions nécessaires pour supprimer les nuisances à la source (protection collective), mais par exemple l'usage fréquent et prolongé des outils à main peut souvent provoquer des douleurs et une fatigue qui, si elles sont ignorées, peuvent conduire à des troubles musculo-squelettiques chroniques de diverses natures.
La conception des outils (masse, forme, adaptation à la tâche à effectuer et à l'utilisateur), la conception du poste de travail (dimensions, forme et aménagement) et l'ordonnancement des tâches sont autant de facteurs clés dont dépendent la sécurité et la réduction des risques des TMS de la main.
Partagez et diffusez ce dossier
Laissez un commentaire
Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.
Les avis des internautes
27/10/2021
28/05/2021
21/03/2021